Basile Boon

Après un Master d’architecture à La Cambre à Bruxelles, Basile Boon s’est rapidement tourné vers la matière, poussé par un besoin viscéral de créer de ses mains, de construire au-delà du dessin, de donner forme tangible à ses visions.

Après un Master d’architecture à La Cambre à Bruxelles, Basile Boon s’est rapidement tourné vers la matière, poussé par un besoin viscéral de créer de ses mains, de construire au-delà du dessin, de donner forme tangible à ses visions. Le cuir, d’abord, après une formation à l’institut Jeanne Toussaint à Bruxelles, suivi d’une résidence de 2 ans au MAD (centre de mode et de design) pour une première collection de maroquinerie, puis la céramique, qui s’impose comme une évidence. La terre lui offre une liberté unique, une plasticité infinie, un terrain de jeu, de l’objet à l’édifice, du fragment à l’œuvre monumentale. Dans ce matériau à la fois archaïque et vivant, il trouve un médium à la mesure de son imaginaire : foisonnant et symbolique.

Chez Basile Boon, chaque pièce est un monde, un fragment de récit façonné à la main, un rêve solidifié. Son œuvre compose un théâtre minéral où se mêlent les souvenirs d’enfance, les allégories antiques, l’iconographie religieuse, les paysages mentaux d’un voyageur immobile. Inspiré par les tableaux labyrinthiques des primitifs flamands et les visions hallucinées de Jérôme Bosch, il peuple ses fresques céramiques de petits monstres baroques, de créatures hybrides, de figures tutélaires empruntées au bestiaire médiéval ou aux panthéons grecs, asiatiques ou mésopotamiens. Mythologie, archéologie, art sacré et culture populaire fusionnent dans un langage personnel où tout est prétexte à narration.

En 2021, Juliette Seydoux révèle au public l’univers de Basile avec un premier solo show marquant : Chaos and Desire. Depuis, son travail se déploie comme une catharsis matérialisée, où chaque œuvre devient une fouille intime, une résurgence émotionnelle. Plutôt que de raconter sa propre histoire, il assemble des fragments de récits collectifs et personnels dans une sorte d’épopée visuelle en trois dimensions. Il aime raconter, d’abord par le dessin, puis par la matière, qu’il transcende dans de grandes fresques émaillées, rehaussées d’or, véritables « Heures riches » d’un temps suspendu.

Ses œuvres sur commande s’inscrivent dans une démarche profondément relationnelle. La rencontre est primordiale, tout comme l’écoute du lieu, des personnes qui l’habitent. Dans l’esprit des portraits flamands ou des tapisseries historiques, ses bas-reliefs muraux incarnent une mémoire partagée, où les signes du passé dialoguent avec les symboles du présent. Chaque création devient ainsi une bande dessinée intergénérationnelle. Il érige son œuvre, pierre par pierre, colonne après colonne, telle une architecture mentale et concrète à la fois. À la manière d’un Facteur Cheval contemporain, il construit son œuvre comme une odyssée personnelle, une quête d’absolu, hantée par les souvenirs, les rêves et les mythes fondateurs.

Basile Boon excelle dans l’art de la céramique, et développe à travers une technique rigoureuse de modelage et de bas-relief. Chaque pièce est façonnée à la main, avec une attention minutieuse aux détails et aux textures, émaillée puis cuite à haute température pour garantir sa durabilité. Les œuvres sont ensuite souvent rehaussées d’or fin, ajoutant une dimension précieuse et une profondeur à ses fresques d’argile. Ce travail méticuleux, qui combine un savoir-faire artisanal avec des recherches techniques et une esthétique personnelle, permet à l’artiste de créer des pièces monumentales et des bas-reliefs muraux d’une rare précision. Il accepte toutefois le lâcher prise nécessaire à cette pratique puisque la cuisson garde le dernier mot sur le résultat final.