Clara Tournay est née en 1996 en France. Elle vit et travaille entre Paris et les Vosges.
Son travail explore les intersections entre mémoire, temporalité et le sensible, à travers des œuvres, installations et sculptures. Elle travaille différents médiums pour explorer l’idée de l’inframonde, entre visible et invisible. Peintures et sculptures rendent palpables la lumière et la matière. Elle met en exergue différentes façons de rendre visibles les états transitoires du visible, par essence insaisissables, en confrontant les plastiques des matérialités qui entrent dans son processus de création. Clara Tournay interroge ce qui échappe au regard. Une exploration du seuil, de l’entre-deux, du passage de l’informe au tangible. Son approche se distingue par son dialogue constant entre science et spiritualité, entre archaïsme et modernité. Lumière et obscurité, transparence et opacité, rigide et organique : son travail opère par tensions et résonances. Une recherche plastique qui dépasse la simple forme pour ouvrir un espace perceptif, une expérience qui se déploie entre vision et sensation.
Inspirations
Clara travaille à la frontière de la science (thermoformage, matériaux techniques) et de la spiritualité (mythes, rites anciens). Elle crée des tensions : lumière/obscurité, organique/artificiel… Ses œuvres s’imprègnent d’influences multiples : mythologie, ukiyo-e (« images du monde flottant »), réalisme magique, figures féminines ancestrales, mémoire des matériaux, poésie du mouvement, et technosciences. Elle cherche à animer la matière par des forces invisibles rendues sensuelles et vivantes. La série Maeve s’inspire directement de la déesse-mère ‘Maeve’ dans la mythologie celtique, symbolisant la fertilité et la puissance féminine. Les sculptures rappellent des figures ancestrales, des « Terres-Mères », faisant écho à des idolâtrie préhistoriques comme les Vénus paléolithiques. Ses formes organiques évoquent la nature, le corps féminin, les reflets de l’eau. Une dimension contemplative traverse son travail.
Technique
Sa peinture s’inscrit dans un processus organique. Elle progresse dans ses tableaux peu à peu, les couleurs et les gestes influencent le sens et la forme. Biologiques et minérales, les couches de peinture forment un épiderme qui nous invite à nous rapprocher pour en scruter la surface, comme une entrée de caverne qui incite à observer l’aspect pictural des parois. Les tondos rappellent des observations au microscope ou encore les surfaces de corps cosmiques : planètes, astéroïdes, nébuleuses ou galaxies… Des mondes qui ne se rendent accessibles à l’entendement humain que sous la forme de vues d’artistes. Un aller-retour cognitif constant entre macro et micro ponctue le travail de Tournay.
Clara Tournay arpente les carrières de l’Est de la France, où granit et marbre sont sortis de terre pour orner les cimetières. Elle rassemble les rebuts des marbreries : chutes, fragments irréguliers ou sous-dimensionnés, stèles à moitié polies, comme suspendues dans la mémoire double de la pierre et des vivants. Le polycarbonate vient ensuite, plié et modelé par ses mains. Moulées au contact de son corps, les pièces de la série Maeve adoptent des formes organiques. Translucide, ondoyant, il s’enroule autour de la stèle, l’enveloppe et la traverse comme un souffle. Le dernier geste n’appartient plus à Clara. C’est à la lumière qu’il revient de donner vie à la matière, d’animer la pierre et le souffle. Dans ces bribes de corps féminin, on retrouve les échos de « Terres Mères » ancestrales autant que les reflets d’une goutte d’eau, le bouillonnement de la mer, les franges d’un nuage. Tirées de l’artificiel, façonnées par l’étreinte de l’artiste, elles célèbrent une force vitale indomptable, douce et puissante.